Le district de Maradi, au Niger, pris en étau entre crise alimentaire et banditisme
Cette région administrative proche du Nigeria connaît une grande précarité liée aux conditions climatiques sahéliennes et aggravée par l’activité de groupes criminels agissant de part et d’autre de la frontière.
Le centre de santé de la commune nigérienne de Dan Issa, géré par Médecins sans frontières (MSF), à quelques kilomètres du Nigeria, est en état d’alerte préventive. Sous les toits en tôle des salles d’accueil, plusieurs dizaines de femmes viennent faire vacciner leurs enfants affaiblis et recevoir des tubes de pâte hyperprotéinée. Routine annuelle en cette « période de soudure », ces mois d’été qui vident les réserves des familles et les plongent dans une situation d’insécurité alimentaire jusqu’à la prochaine récolte de l’automne. En priant pour qu’elle soit bonne. En 2021, la production agricole a plongé de 40 %.
Dans la région administrative de Maradi, dont dépend Dan Issa, cette précarité liée aux conditions climatiques sahéliennes particulièrement rigoureuses est aggravée par l’activité de groupes criminels agissant de part et d’autre de la frontière. En 2021, le centre de santé était en première ligne. Le docteur Oumar avait ainsi vu déferler, de façon inattendue, des milliers de Nigérianes et leurs enfants en situation de malnutrition aiguë et sévère. « Ils fuyaient les attaques des bandits », raconte le directeur du centre de santé.
« Le vol de bétail existe depuis toujours dans la région, mais le phénomène a pris d’énormes proportions ces dernières années », explique Amadou Cheiffou, ancien premier ministre (1991-1993) originaire de la région. « Les cortèges de déplacées nigérianes ont plus que doublé entre 2019 et 2021. L’année dernière, 40 000 femmes ont passé la frontière pour amener leurs enfants malnutris dans nos centres », détaille Renée Madrolle, cheffe de la mission MSF au Niger.
Un an plus tard, le centre de santé de Dan Issa augmente donc ses capacités d’accueil. « Même sans violences, le pic est à venir d’ici quelques semaines. Avec la saison des pluies, les cas de paludisme vont se multiplier et aggraver l’état de santé des enfants, qui souffrent déjà de carence alimentaire », explique le docteur Oumar.